La course à pied est-elle achevée pour tout le monde ? L’engouement actuel oblige à répondre par l’affirmative. La preuve est faite, ou plutôt, le temps passé à se prélasser au bord d’un lac et à regarder le défilé des coureurs. La population de personnes portant des vêtements fluorescents et des chaussures à semelles compensées a augmenté de façon spectaculaire ces derniers temps. Le succès des courses populaires donne du crédit à cette théorie. En 2014, un nombre record de 36 697 personnes a participé à la Course de l’Escalade à Genève. La même année, une recherche de la Fédération française d’athlétisme a évalué le nombre d’athlètes dans l’Hexagone à 8,5 millions, soit 19 % de la population totale. Au début du millénaire, ils n’étaient que six millions.
Femmes et hommes de tous âges et de tous niveaux (débutants comme compétiteurs chevronnés) sont également attirés par l’attrait des courses à pied. Si la course à pied peut être l’une des premières choses que l’on fait en tant que jeune adulte, elle peut aussi être l’une des dernières choses que l’on fait après la retraite, comme l’a noté Ruedi Gloor, président de la Fédération suisse d’athlétisme. Danilo Meyrat, âgé de près de 80 ans, a terminé la course Morat-Fribourg il y a deux semaines en 1 heure et 22 minutes, ce qui le place dans le premier tiers des quelque 5 000 hommes qui ont pris le départ du parcours de 17 kilomètres.
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Faites attention à la surcharge
Il n’y a pas beaucoup de dangers importants associés à la course à pied. Carlo Bagutti, chef du service de médecine du sport à Vidy Med à Lausanne, affirme : « Ils sont surtout largement dépassés par les bénéfices du mouvement. » Le risque de maladies cardiovasculaires est un cas majeur qui pourrait conduire à une contre-indication. Si le médecin devait dessiner une caricature, il conseillerait à un fumeur tétraplégique ayant des antécédents d’embolie et une maladie cardiovasculaire dans la famille de se faire examiner d’abord. Dans la plupart des cas, les dangers auxquels est confronté un coureur (notamment les déchirures de tendons) sont liés à la surcharge (volume ou intensité de l’entraînement) et peuvent être évités ou traités avec soin grâce à une technique appropriée. Selon Ruedi Gloor, « la blessure la plus courante est l’entorse« . Ce n’était qu’un accident anormal, vraiment. Pas de quoi raviver les rêves d’une génération Forrest Gump.
Un bien-être réel et positif
Le résultat souhaité peut aller du simple désir de se sentir bien (facilité par la libération d’endorphines pendant l’exercice) à l’objectif plus noble de vivre une aventure qui change la vie (« le marathon des 40 ans est tout à fait à la mode », dit Pascal Mornod). Selon l’expert Pierre Morath, « beaucoup de gens commencent à courir en se l’imposant et continuent ensuite parce qu’ils en ont développé le besoin. » Quelle que soit la motivation de l’effort, la perte de poids est souvent le point de départ. Et de ce point de vue, une course à pied n’est pas toujours la meilleure option.
L’antichambre de la course
Alors ? Il existe diverses possibilités, de la natation au cyclisme tout en gardant à l’esprit l’objectif à long terme de la course à pied, en passant par la marche et la très médiatisée marche nordique caractérisée par l’utilisation de bâtons de marche spéciaux. Pour Pascal Mornod, « pour les personnes trop sédentaires qui ont besoin de se réacclimater au sport, c’est un excellent premier pas. » De plus, elle promet d’être efficace. Il est certain qu’une personne qui ajoute deux ou trois séances de marche par semaine à son emploi du temps habituel, sans modifier son alimentation, connaîtrait une prise de poids. Progressivement, à mesure que son endurance augmentera, elle pourra se consacrer à la course.